« Le juge de paix connaît un important contentieux relatif aux troubles de voisinage, et mon expérience quotidienne de magistrat cantonal me rappelle que l’homme vit avec une notion de territoire très ancrée en lui, au point que de modestes incursions sont souvent considérées comme des dépassements de frontières intolérables.
C’est dans ce contexte que la mission du juge de paix devient passionnante.
Combien de fois n’ai-je pas rappelé à de futurs magistrats ou même à des collègues cette réflexion de Paul Martens : "La légitimité du juge vient de sa mission, et sa mission est d’apaiser les conflits."
A inscrire au frontispice des salles d’audiences ! Dans ce contexte, mon travail est fait à la fois d’écoute et de fermeté. La fermeté est indispensable pour le respect d’une méthodologie efficace qui doit permettre à chacun de s’exprimer sans être interrompu, mais cette fermeté doit s’accompagner d’une écoute très attentive pour découvrir, au-delà du conflit, les points de convergence ou d’accord, les perspectives de solution, les aménagements de l’environnement possibles.
Je dois faire travailler au mieux mon imagination et systématiser les points de désaccord pour qu’ils ne se mélangent pas et ne se polluent ainsi indéfiniment.
Il peut paraître quelque peu vain ou ridicule que de tels problèmes puissent occuper le travail d’un magistrat. Cette observation m’a parfois été faite mais je réponds toujours que je reste impressionné de voir les conséquences des tensions de voisinage sur la santé et le bien-être de nombreuses personnes. »